« Communiquer et coopérer », retour d’expérience Exemplaire

« Communiquer et coopérer », retour d’expérience Exemplaire

En 2023, Travail & TransitionS a organisé 2 sessions de la formation « Communiquer et coopérer » pour le Jardin de Cocagne Jardins du Comminges (atelier chantier d’insertion Maraîchage Bio et Espaces Verts) dans le Sud de la Haute-Garonne.

Les protagonistes de ces formations ont accepté de revenir sur les objectifs, le déroulement et les résultats de cette formation.

Qu’attendiez-vous de cette formation ?

Stéphanie Lagleize, accompagnatrice socio-professionnelle :

Notre besoin a été exprimé à la fois au travers de constats réalisés en Instance Santé Conditions de Travail (ISCT) et lors de temps d’accompagnement socio-professionnel (parcours PassPro). En ISCT, certaines tensions, situations à risque voire accidents du travail sont dûs à des problèmes de communication entre agents, entre agents et encadrement ou au sein de l’encadrement. Ce constat est fait dans toutes les entreprises mais est encore plus prégnant dans une entreprise où 80% des salariés changent tous les ans.

Chaque année, nous organisons des formations aux premiers gestes de secours au travail. Nous nous sommes juste dits qu’il était tout aussi indispensable de mettre en place une formation sur la communication et la coopération, socle de toute organisation soucieuse d’un travail avec le minimum de tensions. D’autre part, en PassPro, il est habituel de travailler sur les capacités des salariés en parcours à pouvoir communiquer au mieux au sein d’un groupe. Ce qui implique apprendre à se connaître, connaître ses atouts et ses points à travailler et comprendre la différence de l’autre, en intégrant que la différence est une force et non une difficulté à traverser. Cette capacité est utile dans tout environnement, professionnel ou extra-professionnel. Dans le milieu de l’accompagnement professionnel, ces capacités sont souvent appelées « savoir être » même si ce terme est hors sol de notre point de vue. En effet, nous pensons que ces capacités relèvent plus du collectif (quelles valeurs et principes d’action collectif ? quelles méthodes de travail ? quels temps de réflexivité ?) que de la personne seule qui serait seule responsable et porteuse de sa capacité à communiquer et coopérer quel que soit le milieu professionnel dans lequel elle travaille. Enfin, il nous a semblé intéressant, avec cette formation, de permettre aux agents et encadrants, lors d’un temps déconnecté du temps habituel de travail, de pouvoir prendre du recul sur les modes de communication, les conditions de réussite et risques d’échec de ce que de nombreuses personnes souhaitent dans leur travail : coopérer. En termes d’impacts, notre souhait était évidemment que cette formation améliore globalement la fluidité, l’organisation au sein de l’équipe en permettant à chacun de prendre du recul pour agir à son niveau et avec les autres.

Comment a-t-elle été construite ?

Cécile Coste, formatrice

Il y a eu plusieurs échanges avec Stéphanie Lagleize pour bien cerner les objectifs et le contexte de l’équipe. Comme la structure avait fait le choix de mixer encadrant-e-s et salarié-e-s en parcours, ce qui à mon avis est très pertinent pour créer un socle commun, il fallait qu’elle soit accessible à toutes et tous et que chacun-e puisse « accrocher » quel que soit son niveau de formation initiale, la maîtrise de la langue Française, l’appétence pour les concepts théoriques etc. On a donc bien sûr évité la formation « catalogue » déconnectée du concret et j’ai construit le déroulé pédagogique de manière à alterner les modes, à proposer une bonne diversité d’approches avec pas mal d’échanges, de jeux, de petits exercices en sous-groupes et finalement peu de contenu purement théorique. Et puis on a planifié les sessions bien en avance, et en hiver, pour ne pas perturber l’organistation du travail dans les jardins.

Sur quels principes et valeurs cette formation s’appuie la formation « Communiquer et coopérer » ?

Cécile Coste, formatrice

En fait, il s’agit vraiment de questionner la notion de coopération et tout ce qu’elle implique : comprendre les différences en termes de comportements et de fonctionnement au travail, comprendre la nécessité et la complémentarité des rôles dans une équipe (même si la formation n’est pas axée là-dessus), comprendre que nous sommes co-responsables de la communication et que nous avons le pouvoir d’ajuster notre comportement etc.  Pour moi, il y a un peu l’idée de favoriser les prises de conscience – amener notamment les personnes à se sentir plus co-créatrices de leur vécu et de leurs relations, à oser dire, demander.

Comment s’est-elle déroulée ?

Stéphanie Lagleize, accompagnatrice socio-professionnelle :

Comme toutes les formations que nous organisons, ces sessions étaient intégralement sur le temps de travail, c’est un pré-requis nécessaire. Nous avons ensuite échangé au sein de l’équipe sur nos attentes en expliquant la nécessité de communiquer et d’apprendre à échanger efficacement. Pour la création des groupes, nous avons mixé les équipes de chaque atelier (agents et encadrants techniques et pédagogiques). Nous avons trouvé intéressant de prévoir un temps d’échange 2 mois après les 2 premières journées pour partager les ressentis et la mise en place des plans d’action décidés individuellement et collectivement.

Chaque session a mobilisé entre 10 et 12 participants (encadrement et salariés en parcours).

Quel bilan et enseignements pour la suite ?

Stéphanie Lagleize, accompagnatrice socio-professionnelle

Les participants (encadrants et salariés en parcours) ont non seulement apprécié les contenus abordés mais ont aussi exprimé un enthousiasme pour une organisation qui se soucie de la qualité de la communication. Des temps uniquement entre salariés en parcours sont depuis organisés régulièrement et permettent à ces derniers de revenir sur des temps de travail avec des propositions pour un échange avec l’encadrement. De plus, nous allons systématiser cette formation chaque année toujours avec des groupes de participants salariés en parcours et encadrement sur la base du volontariat pour celles et ceux qui l’ont déjà réalisé et obligatoire (comme pour Sauveteur Secouriste au Travail !) pour celles et ceux qui ne l’ont pas encore suivie.

Cécile Coste, formatrice

J’ai trouvé que l’alternance des modes a effectivement permis d’embarquer un maximum de personnes alors que pour certains c’était difficile de s’imaginer en formation pendant 2 jours à ne « rien faire » ! Il y a eu des retours positifs et même enthousiastes de personnes qui n’étaient pas forcément sensibles au sujet avant, avec une vraie compréhension des enjeux et c’est toujours gratifiant de voir des étincelles s’allumer dans les regards ! Certains sont restés en retrait mais finalement très peu. En revanche, lorsque je suis revenue un mois après, j’ai constaté que pour que de nouvelles pratiques s’installent, que de nouveaux comportements changent, il est important que toute l’équipe ait reçu les mêmes bases – en tous cas qu’il y ait adhésion, notamment de la part des encadrant-e-s. Ce n’était pas le cas sur une équipe, dont un encadrant était absent, et j’ai vu la différence – c’est comme un jardin il faut de l’entretien ! Évidemment une formation de 2 jours, ce n’est pas une baguette magique mais si certain-e-s en interne relaient les pratiques et si la formation est renouvelée, je crois que ça sème de bonnes graines…

 

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