Dans ce qui se passe, chacun de nous est affecté tout à la fois par le caractère alarmant et intempestif, sa manière de prendre nos organisations par surprise, mais aussi ce qu’il vient confirmer de ce que nous défendons souvent à contrecourant depuis longtemps : les limites, précisément, de l’ordre qu’il dérange.
En cela, ce qui se passe constitue aussi une opportunité, c’est-à-dire l’occasion de montrer la pertinence de nos analyses, une confiance dans nos thèses, dans nos expériences, de mettre nos compétences à l’épreuve des défis qui montent, et de réinventer au quotidien de nouvelles formes d’échange, de solidarité et de socialisation. Pourvu qu’on le décide.
Cette crise sanitaire et économique majeure pointe deux dimensions qui organisent toutes nos démarches: la centralité du travail et l’enjeu de (re) mettre l’économie au service des grandes fonctionnalités de la vie. Plus que jamais, le travail réel – au sens de l’activité qui engage la subjectivité des personnes et exprime une intention qui s’adresse aux autres – ressort comme une ressource irremplaçable pour prendre soin du monde : des autres, de la nature et des choses, et cela dans les activités agricoles, industrielles tertiaires, dès lors qu’elles sont pensées et conduites par chacun et ensemble comme des activités au service des fonctionnalités de la vie.
Dans cette conjoncture, une urgence : prenons soin de nous, de la communauté de pensée et d’action que nous composons ensemble, soyons soutenants les uns des autres, et tous ensemble du projet politique, sociétal et moral qui nous anime.
L’actualité nous convoque. C’est le moment de consolider ce que nous portons pour y répondre sur les plans les plus sensibles qu’elle met à nu : le développement durable, la dynamique servicielle et les modes d’engagement du travail dans les réponses aux attentes de la société, et de rendre plus visible ce que nous portons.